Les déportés de Varilhes

Cette année 1944 sera pour Varilhes une des plus tragiques avec plusieurs vagues de déportations.Beaucoup de familles avaient déjà été cruellement touchées en 1940:6 Varilhois tués au combat,10 prisonniers,de nombreux blessés.

 

La milice locale avec son chef Louis Fauré va collaborer avec la gestapo installée à Lauquié dans le cadre de la collaboration d’état Pétain Hitler.

 

ALEXANDRE JEAN : premier sur cette liste des dépôrtés morts en déportation ,mais le dernier des Varilhois arrêtés (le 13 août 44.)Jean,32 ans,ouvrier mécanicien chez Jean Bénazet,faisait partie de l’Armée Secrète à Verniolle.Il fut arrêté par les miliciens en même temps que sa femme ,sa belle-mère et un jeune neveu.Emmenés tous les 4 à la caserne Sarrut de Pamiers,Jean sera brutalisé et assommé.On ne devait plus le revoir;il est probablement mort peu après.Les 3 autres prisonniers seront libérés le lendemain.

 

BERGE ANGELE,57 ans,arrêtée le 2 février: »Elle avait aidé la Résistance…et c’était aussi la tante de Marcel Bergé,militant communiste bien connu à Varilhes »assure Louis,fils de Marcel.La mère d’Angèle,âgée de 96 ans, mourut de chagrin quelques mois après.

 

CAMPOURCY PAUL,46 ans, arrêté le 2 février:Il ne cachait pas ses idées de gauche face aux miliciens de Varilhes,affirment plusieurs témoins.

 

CARRETIER FRANCOIS, 42 ans ,arrêté le 20 janvier: »Cétait l’ancien trésorier de la cellule communiste de Varilhes en 1939;je lui remettais les timbres des adhérents »a témoigné Jean Sannac de Pamiers.Sa femme ,Antonia ,fut arrêtée en même temps que lui et également déportée;à son retour,elle gardait la rage au coeur contre les miliciens qui les avaient dénoncés.

 

CELMA MARCELIN:38 ans, arrêté le 2 février:il était secrétaire de la cellule communiste en 1939 et engagé dans la Résistance dès 1940.Témoignage d’Henri Servant,9 ans en 1944 ,son neveu: »Nous habitions au café de la Paix…Nous avons été réveillés  en pleine nuit avec mon jeune frère,bousculés et poussés dans le couloir par des hommes armés…Quand Marcelin est descendu du 2ème étage,les Allemands l’ont reconnu car ils devaient avoir un signalement très précis,peut-être une photo »…

 

FAURE ARISTIDE,67 ans arrêté le 2 février:il était l’oncle du résistant Gaston Fauré ,du café de l’UNION ,bien connu comme étant un café de gauche où se retrouvaient des sympathisants de la Résistance ,notamment pour écouter Radio Londres.

 

FERRER MARIE,30 ans ,arrêtée le 24 mai 44 à Pény (commune de Gudas) en même temps que sa mère ,Elvire Beleta et sa cousine Conchita Grangé (plus tard épouse Ramos).Son mari,Joseph Ferrer,ancien des Brigades Internationales,est prisonnier de guerre en Allemagne.Témoignage de Conchita Ramos: »cette maison de Pény était une « maison d’appui »,une « maison amie »où nous recevions avec gîte et couvert des passeurs,des résistants en transit français ou espagnols.Avec ma cousine et ma tante ,nous étions aussi agents de liaison.Et c’est la milice de Foix qui nous a arrêtées ,pas la gestapo à qui nous avons ensuite été livrées. »Marie mourra à Paris à son retour des camps.Sa mère et sa cousine survivront…

 

GARDEL ALEXANDRE,46 ans ,arrêté le 2 février:Témoignage de son fils Georges,17 ans en 44: »2 oncles avaient déjà été arrêtés en janvier…Ce 2 février,5 heures du matin,porte enfoncée,irruption des Allemands…Leurs seuls mots:Communistes…communistes…pognon…pognon…Je ne devais plus revoir mon père ».

 

GOUZY BAPTISTE ;50 ans ,arrêté le 2 février:prisonnier de guerre en 14-18,il n’avait pas apprécié que  le maire Louis Fauré ait fait inscrire son fils unique ,René,23 ans, sur la liste des STO,celui-ci,profitant d’une permission,ne voulut pas repartir travailler en Allemagne.La gestapo emmena le père et le fils.

 

CLEMENT PARENT,47 ans,arrêté le 20 janvier: »C ‘était un rebelle-il écoutait radio Londres sur son poste -homme nettement à gauche « ,témoigne son neveu Georges Gardel.

 

HILLAT JEAN GABRIEL, 54 ans ,arrêté le 2 février: »grand ami de Louis Siret,avec lui au conseil municipal »affirme Marcel Sabatié, »la mémoire de Varilhes »

Malade,fiévreux le jour de son arrestation,la gestapo et les miliciens l’ont tiré du lit sans ménagement »atteste sa petite nièce Renée Fritch

 

FRANCOIS CLEMENT PALMADE,56 ans ,arrêté le 2 février:Témoignage de sa fille Yvette,22 ans en 44: »Mon père,socialiste,faisait partie du conseil municipal avec son ami Louis Siret.Quand il a été arrêté ,des miliciens accompagnaient la gestapo ».

 

RUMEAU PAUL,49 ans,arrêté le 20 janvier en même temps que son épouse Albanie,46 ans: »Mes parents étaient marqués à gauche…il passait beaucoup de monde à la maison…les miliciens le savaient… »raconte leur fils Georges,13 ans en 44 , qui assista à l’arrestation de ses parents

 

SABATIER LOUIS ,51 ans ,arrêté le 20 janvier,en même temps que sa fille adoptive,Augustine Fauré,au café de l’Union dont nous avons déjà parlé (il y eut donc 3 arrestations dans ce même lieu).

 

SIRET LOUIS 58 ans, arrêté le 2 février:ancien maire de Varilhes au temps du Front Populaire,révoqué en 1940 comme nous l’avons déjà vu, il était une cible privilégiée du nouveau maire milicien.Malgré les conseils de son entourage,il  refusait de se cacher. »Si je m’en vais,ils vont s’en prendre à ma fille et à ma femme »disait-il.

 

 

Cette tragique liste des déportés morts en déportation ne nous fait oublier les survivants:Revenus en l’état de squelettes vivants,marqués à vie par tout ce qu’ils ont subi,par tout ce qu’ils ont vu. Beaucoup,après leur retour,ne pouvaient même pas évoquer leur terrible survie dans les camps.

 

FAURE AUGUSTINE:30 ans, arrêtée le 20 janvier 1944,du café de l’Union,foyer de Résistance bien connu à Varilhes-elle était l’épouse de Gaston Fauré , résistant,qui put échapper à l’arrestation ,étant absent de son domicile ce jour-là -elle était la fille adoptive de Louis Sabatier et la nièce d’Aristide Fauré ,tous deux morts en déportation.

 

CARRETIER ANTONIA:40 ans,arrêtée le 20 janvier 1944 ,en même temps que son mari François,militant communiste comme nous l’avons déjà vu -A son retour,elle dira: »Si nos hommes étaient revenus,on aurait descendu les miliciens,même en plein tribunal,et tant pis pour la prison,parce qu’après ce que nous avons vécu à cause d’eux,la prison ,ce n’est rien. »

 

GARDEL JOSEPH:51 ans,arrêté le 20 janvier 1944-à Lauquié,il est pendu par les pieds et les nazis lui cassent les dents à coups de bottes-« à son retour de Mauthausen,dit son neveu,il pesait à peine 30 kg;nous ne l’avons pas reconnu tout de suite à la gare… »

 

RUMEAU ALBANIE:46 ans,arrêtée le 20 janvier 1944 ,en même temps que son mari Paul-les Allemands poussèrent le sadisme,alors qu’elle était à St Michel,jusqu’à lui faire croire qu’ils avaient aussi arrêté son fils Georges ,13 ans…A RAVENSBRUCK,elle était avec Marie Claude Vaillant Couturier et elles organisèrent la solidarité pour les détenues les plus affaiblies: »quand elle le pouvait ,ma mère gardait un morceau de pain pour Titine Fauré » nous rappelle Georges,le fils d’Albanie.

 

GOUZY RENE:23 ans,arrêté le 2 février 1944-comme nous l’avons vu,réfractaire au STO,il fut emmené en même temps que son père.De retour de Dora,il ne parla presque jamais des 11 mois de camp, silence confirmé par tous ceux qui l’ont connu:terrible blessure…

 

GARCIA ARTURO, 39 ans,arrêté à Laborie commune de Varilhes,en avril 1944;ancien combattant républicain en Espagne,interné dans des camps après la Retirada-ouvrier agricole à Laborie-contacté par Jean Bénazet ,devient un agent de liaison avec les guérilleros-dénoncé par des miliciens,arrêté par la gestapo,il sera déporté mais reviendra des camps de la mort-père de José et Christian Garcia.

 

CONEJERO FILOMENO, 35 ans.Responsable des guérilleros au col de Py,de passage à Varilhes en février 1944,il voulut assister à un match de foot-interpellé et arrêté par des gendarmes,il fut déporté.Lui aussi revint des camps.

 

 

PILLAGES ET VOLS

Les nazis ne se contentaient pas d’arrêter les femmes et les hommes désignés par les miliciens ;les maisons de leurs victimes étaient littéralement pillées:objets de valeur,argent,vêtements,nourriture ,outils , etc ,étaient emportés. Chez les RUMEAU,ils s’emparent de l’argent,du poste de radio,des provisions-Au café de l’Union,leur camion revient 7 fois  pour emporter tout son contenu.

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