La fin tragique du maquis de Camarade : commémoration des 80 ans

Ce dimanche19 novembre à Camarade, en présence de personnalités politiques, de représentants d’associations et d’un public fervent  avaient lieu les cérémonies de commémoration des événements tragiques du 17 novembre 1943.

Ce jour-là, les tropes allemandes attaquent la ferme de Ponce, dans la commune de Camarade.

D’après le témoignage de l’ancien maire de Camarade Henri Huc juste après la guerre, l’imprudence est une des causes de cette attaque : « En octobre et novembre 1943 des maquisards venus de la région de Rimont vinrent dans ma commune et habitaient la ferme de Ponce. Ils se ravitaillaient dans les fermes de la région, moi-même je leur avais donné plusieurs denrées. J’avais remarqué que ces hommes étaient imprudents. Ils se promenaient en plein jour, porteurs d’armes, et s’étaient exercé au tir à la cible au vu de tut le monde. Par cette façon de procéder, la présence des maquisards à Camarade fut vite connue de toute la région.  S’ils avaient agi avec prudence il est certain qu’ils auraient pu rester longtemps sans être démaqués, étant donné que le lieu était peu fréquenté et que tous les habitants de la région qui leur étaient favorables. »

Claude Delpla, l’historien de la Résistance, écrit dans les années 50 : « A l’époque, la tactique de la guérilla inconnue chez les Français était regardée avec mépris. Alors que chez les espagnols il existait une culture de la guérilla, chez nous il fallait tout inventer, découvrir les forces et les faiblesses, les exploits et les pièges de la guérilla. I était donc inévitable que, livrés à eux-mêmes, ayant tout à apprendre, les jeunes de Camarade aient échoué tragiquement par excès de confiance en leurs forces par sous-estimation de la redoutable efficacité des Allemands épaulés par leurs auxiliaires français. »

Voici les quatre maquisards et les deux otages qui ont été fusillés et brûlés le 17 novembre 1943 :

  • Roger Thévenin, dit Alain, né le 20 mars 1922 aux Rousses (Jura), sa famille habite Morez. Amené à faire son service au chantier de jeunesse de Castillon, il déserte et devient un des cadres FTP les plus déterminés. Il est catholique et responsable du maquis.
  • Jean Géraud, né le 12 avril 1923 à Toulouse, réfractaire au STO, est socialiste. Sa famille l’envoie en Ariège par l’intermédiaire de Balussou.
  • André Chaubet, né le 15 mars 1921 à Toulouse, ouvrier. Contraint d’aller travailler en Allemagne, il obtient une permission et refuse de repartir. De famille communiste, il est mis en contact par son père avec Léon Balussou et dirigé vers le maquis de Castelnau-Durban.
  • Moïse Siegler, né le 16 mars 1908 dans une famille israélite à Patria en Roumanie. Arrivé en France en 1928 pour faire des études de médecin. Il est médecin mais n’exerce pas. Il est membre du PC et des FTP-MOI. engagé dans le 22e régiment de marche étranger il se bat sur la Somme. Emprisonné à Montluçon en 1941 puis au camp du Vernet, il s’évade de la mine de phosphates de Castelnau en septembre 1943 et rejoint le maquis. Il avait un fils né en 1940.
  • Jean-Marie Gros, né le 24 février 1923 au Mas d’Azil, cultivateur. Il est pris en otage par les Allemands en raison des activités résistantes de son père.
  • Alberto Fajardo Luis né le 24 avril 1922, Républicain espagnol, domestique de ferme chez M. Gros, il est pris en potage pour complicité avec son patron.

Camille Gros, né le 16 juillet 1886 à Camarade, est le personnage-clé du drame. Cultivateur, aubergiste, cordonnier, ancien adjoint au maire, il est déporté à Buchenwald. Revenu en mauvaise santé, il meurt brisé par ces épreuves le 9 septembre 1948.

L’imprudence n’est pas la seule raison de l’attaque. En effet, la présence au village d’un Français collaborateur a permis aux Allemands de connaître l’emplacement du maquis.

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