Maria et José Martinez, Justes parmi les Nations

Discours lieu de mémoire

Mercredi 11 octobre 2017, le souvenir nous rassemblait salle d’Honneur de l’Hôtel de Ville. Ce jour-là, Anita Mazor Ministre près l’Ambassade d’Israël à Paris, remettait la médaille et le Diplôme de « Justes parmi les Nations » décerné le 12 avril 2016, à José et Victoria Martinez qui étaient représentés par leur fille Dominique Martinez-Chenet. Un témoignage de reconnaissance éternelle et un devoir de mémoire. Ce 11 octobre 2017, je rencontrais Francine Théodore-Leveque déléguée du Comité Français pour YAD VASHEM, et répondait à son souhait : oui, notre Ville devait rejoindre le réseau « Villes et Villages des Justes de France » et ainsi, nous pourrions perpétuer le souvenir de José et Maria. En décembre 2018, le Conseil municipal approuvait, à l’unanimité, cette délibération. Le réseau « Villes et Villages des Justes de France » a pour ambition de réunir les communes ayant nommé un lieu porteur de mémoire afin de perpétuer le souvenir et les valeurs portées par « les Justes parmi les Nations. » Ces femmes et ces hommes qui, avec courage et au péril de leur vie, ont, au cours de la Seconde Guerre mondiale, sauvé des juifs en s’opposant aux persécutions nazies et à l’État français de Vichy.
C’est avec une intense émotion et une grande fierté que nous vous accueillons ce matin pour l’inauguration de la Place des Justes parmi les Nations Maria et Joseph Martinez. Rendre une fois de plus hommage à Maria et José Martinez nous semblait nécessaire. Cette cérémonie nous permettra en outre de raconter à nos enfants, petits-enfants l’abnégation de ces « Justes », des gens ordinaires qui ont accompli des choses extraordinaires… Des gens comme José et Maria.
Nous rendons hommage à José et Maria Martinez, qui ont recueilli et pris, a deux reprises, sous leur protection Sarah et Lucie Waiter en ces temps si troublés qu’a connu notre pays, mais aussi le monde tout entier. Nous Lavelanétiens, nous leur disons la fierté et la reconnaissance de notre commune et de notre département. Nous conservons à leur égard une dette éternelle. Rendre hommage à José et Maria Martinez, c’est se souvenir que les Justes incarnent l’esprit de la résistance, l’héroïsme. Mais pour nous Lavelanétiens, José et Maria étaient des voisins, des amis, des compagnons. Figure du quartier de Bensa, José, surnommé « Pépé » par ses amis, a été l’un des piliers du stade Lavelanétien. Nous parlons bien de rugby, la grande passion de « Pépé ». Arrivé à l’âge de 18 ans dans notre commune, José y rencontre Maria. Le couple se marie et fonde leur famille ici. Ils auront quatre enfants. Durant des décennies, José a travaillé dans une filature – usine Rafel à Bensa. Maria, arrête de travailler pour s’occuper de ses enfants. Jeune femme aux doigts en or, elle aide ses voisines dans des travaux de couture. Durant la guerre, le couple cache dans le grenier, Sarah et Lucie Waiter. D’autres que moi vous raconteront cet acte extraordinaire, généreux ; un acte dont ils ne se sont jamais vantés. De dures épreuves émailleront leur vie ; la perte de leur fille aînée et de leur petite fille alors âgée de 4 ans, dans un accident de voiture. Les blessures de leur unique fils, celles de Dominique…mais, comme aime à le rappeler cette dernière, le rire a toujours été le moteur de cette famille. Le rire du père, son humour, la tendresse de Maria, et le rugby. Durant des années, « Pépe » a été la mascotte du stade Lavelanétien. Habillé aux couleurs de son club, plus tard coiffé d’un drôle de chapeau encore aux couleurs du Stade, un présent de Dominique, il se mettait à l’entrée du complexe sportif et laissait passer en douce les familles ayant peu de moyens. Son humanisme, sa tendresse et son humour ont marqué des générations de rugbymans. Tous se rappellent encore cet homme, qui pendant les phases de demi-finales, faisait le tour du stade en courant arborant fièrement un drapeau jaune et noir, qu’il plantait ensuite au milieu du terrain. Le tout, en étant suivi d’une nuée d’enfants… On le retrouvait à l’intendance, à la préparation des repas ; jusqu’à la fin de sa vie José a été l’un des piliers du Stade Lavelanétien. De beaux moments il est vrai qui resteront à jamais gravés dans nos mémoires. Merci « Pépé », merci, Maria.
Discours de Marc Sanchez, maire de Lavelanet – Conseiller départemental

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