La guerre avait commencé huit mois plus tôt. En attaquant la Pologne le 1er septembre 1939, sans déclaration de guerre, l’Allemagne de Hitler avait déclenché la réaction des Alliés (réduits à deux pays). La Royaume-Uni et la France déclarent la guerre à l’Allemagne le 3 septembre, respectivement à 11 heures et à 17 heures.
En trois semaines, l’armée polonaise est balayée par l’armée allemande et le territoire de la Pologne est partagé entre l’Allemagne et l’URSS, en conséquence du pacte germano-soviétique. Pendant ce temps, après quelques opérations sans lendemain, l’armée française et la British Expeditionary Force restent dans une position défensive, confiant dans la supériorité à moyen et à long terme des économies britannique et française sur l’économie allemande.
Il semble que Hitler conçut très précocement, avant même la conclusion de l’attaque sur la Pologne, le projet d’attaquer à l’ouest pour mettre la France à genoux et pousser les Britanniques à négocier. Mais les plans prirent des formes différentes jusqu’en février 1940, date du Plan Jaune IV qui fut appliqué en mai. Les historiens divergent sur la paternité de l’idée stratégique de l’attaque par les Ardennes et du « coup de faucille ». Ce qui est certain, c’est que l’idée de feindre une attaque au centre de la Belgique pour y attirer l’essentiel des forces alliés (selon le plan Dyle-Breda) et d’attaquer en passant plus au sud, par les Ardennes, que les généraux français jugeaient infranchissables et qui se trouvaient à la jonction, mal protégée, entre les armées françaises et belges, était une idée brillante. Les percées de Sedan, Monthermé et Dinant dans les jours qui suivent permettent aux blindés allemands de s’enfoncer dans le dispositif français.
La suite sera rapide : capitulation hollandaise le 17 mai, belge le 28 mai et armistice français le 22 juin.
Il s’agit là d’un effondrement imprévu, d’un désastre épouvantable non seulement pour la France, mais pour le camp des démocraties. L’exode sera la réponse des civils : 10 millions de Luxembourgeois, de Néerlandais, de Belges et de Français du Nord fuient les bombardements et les combats, pendant qu’une bonne partie de l’armée, de l’appareil de production et de l’administration belges se replient en France pour la poursuite de la lutte, à laquelle on crut jusqu’au début de juin, espérant un renouvellement du « miracle de la Marne », un sursaut français sur les grands fleuves.