Le 10 mai, jour de souvenirs…
Il y a 35 ans, le 10 mai 1981, à 20 heures, le visage de Mitterrand apparaît à la télévision.
Vous pensez que l’événement le plus marquant à s’être produit un 10 mai est l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République le 10 mai 1981 ? Sur le plan politique français, cette date est certes très importante, marquant le retour de la gauche de gouvernement au pouvoir, pour la première fois de la Ve République. Pour cette raison, cette date restera dans la mémoire des Français.
Mais elle ne figure pas dans la liste des événements célébrés par une commémoration officielle.
La mémoire de l’esclavage
Depuis 2006, le 10 mai est en France « Journée commémorative des mémoires de la traite, des esclavages et des abolitions ». Pourquoi cette date ? Parce que c’est le 10 mai 2001 qu’a été votée en, dernière lecture par le Sénat, donc définitivement, la loi dite Taubira qui reconnaît l’esclavage comme un crime contre l’humanité. .
L’entente ne se faisait pas entre les différents acteurs sur une date rappelant un événement important. En effet, lequel choisir ? Le 4 février 1794, la première abolition française ? Le 23 aout 1791, la révolte de Saint-Domingue, Le 23 mai 1848 la deuxième abolition française ? Le 2 décembre 1949, la convention des Nations Unies contre l’esclavage ? C’est donc, cas plutôt rare, la date du vote d’une loi sur un sujet important qui est choisie pour commémorer celui-ci.
Quelques autres 10 mai dans l’histoire
Par ailleurs, selon vos centres d’intérêts, vous considérerez comme importantes les dates suivantes, parmi d’autres : le 10 mai 1796, la victoire de Bonaparte sur les Autrichiens à Lodi ; le 10 mai 1869 : la jonction des chemins de fer à Promontory Summit (Utah) qui achève la construction du premier chemin de fer transcontinental des États-Unis ; le 10 mai 1944 : la Déclaration concernant les buts et objectifs de l’Organisation Internationale du Travail dite Déclaration de Philadelphie qui consacre « la reconnaissance à l’échelle internationale de l’importance des questions économiques et sociales » ; le 10 mai 1963 : le premier single des Rolling Stones ; le 10 mai 1968 : la première nuit des barricades à Paris, etc.
« Là ou l’on brûle des livres, on finit aussi par brûler des hommes » (Heinrich Heine, Almansor, 1821)
Je voudrais rappeler la date du 10 mai 1933 en Allemagne, que l’on caractérise souvent comme la journée des « autodafés des livres », point culminant d’une campagne nationale déclenchée par les nazis dès leur arrivée au pouvoir.
Dans le cadre de « l’action contre l’esprit non allemand » prônée par Hitler, chancelier depuis le 30 janvier 1933, des comités sont mis en place dans les universités allemandes, qui placardent les « douze propositions contre l’esprit non allemand », qui diffusent les listes noires d’auteurs d' »écrits nuisibles », qui mettent en place le boycott des professeurs juifs, marxistes et pacifistes, qui collectent des livres dans les bibliothèques privées et publiques et dans les librairies et qui finalement organisent des cérémonies de destruction des livres par le feu, avec le soutien des professeurs et des autorités locales.
L’Agence centrale de propagande des étudiants allemands annonce : « Le 10 mai dans toutes les universités, la littérature à détruire sera confiée aux flammes ». Cette littérature comprend par exemple les œuvres de Kurt Tucholsky, de Karl Marx et de Karl Kautsky, de Sigmund Freud, de de Heinrich Heine, de Erich Maria Remarque, etc. Le 10 mai 1933 les « autodafés des livres » se déroulent dans 22 villes allemandes, mais le mouvement concerne d’autres villes et il a commencé le 8 mai pour se prolonger jusqu’au 23 juin. Il déborde même les universités et 70 villes sont touchées par des petits autodafés au cours de l’année 1933.
A Berlin, Goebbels prononce un discours devant les cendres des livres et 70 000 personnes. S’adressant aux étudiants et aux S.A., il proclame : « Le siècle de l’intellectualisme juif poussé à l’extrême est révolu et la révolution allemande a rouvert la voie à l’être allemand » et « L’ordre ancien gît dans les flammes, l’ordre nouveau s’élèvera des flammes de nos cœurs ». L’écrivain Erich Kästner assiste à l’autodafé de ses propres œuvres et il raconte : « là je vis nos ouvrages s’envoler vers les flammes étincelantes et j’entendis les tirades prétentieuses du nabot hypocrite et menteur. ».
On enregistra de nombreuses réactions à l’étranger. Alfred Kantorowicz dénonce « la date limite de la barbarie » et créé à Paris une bibliothèque des livres brûlés, la Deutsches Freiheitbibliothek. De nombreux écrivains se mobilisent et une manifestation à New York rassemble des centaines de milliers de personnes.
Plan Jaune
Mais l’événement le plus important à s’être passé un 10 mai est sans aucun doute le Plan Jaune.
(à suivre)