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Résistants fusillés de la Reulle : un livre et un site pour accélérer l’enquête

Culture – Histoire

Résistants fusillés de la Reulle : un livre et un site pour accélérer l'enquête

Résistants fusillés de la Reulle : un livre et un site pour accélérer l’enquête

C’est une longue, longue enquête que mènent depuis maintenant dix ans un groupe de passionnés pour retrouver l’identité de résistants assassinés par les Allemands, le 27 juin 1944, au Bois de La Reulle, au Nord de Toulouse. Ce jour-là, sous les ordres du Lieutenant Philip Anton, les SS achevaient quinze hommes dont cinq étaient restés inconnus. L’histoire aurait pu s’arrêter là si l’historien local Georges Muratet ne s’était pas mis en tête de combattre cet oubli. En quelque mois, le groupe de recherche de Castelmaurou / Gragnague était créé autour de lui. Des femmes et des hommes qui, depuis, ont fait de cette quête humaine, un chemin de vie. Au fil des ans, les cinq «héros de l’ombre» sont devenus leur obsession. Qui étaient-ils? Quel rôle ont-ils joué? Et si leurs descendants étaient toujours là, pourquoi ne pas les retrouver? Ces questions et bien d’autres, tous les ont posées en se lançant à la recherche de ces hommes lâchement abattus alors qu’ils faisaient barrage à l’occupant nazi. Mais la patience, un travail sans relâche, ainsi que la belle implication de Tania Delabarde, Docteur en anthropologie, anthropologue légiste à l’Université de Strasbourg, ont fini par payer. Et les ADN par parler…

La science au secours de la mémoire

En 2012, c’est le major aviateur Charley De Hepcée qui retrouve le premier son identité. Les deux années qui suivent, c’est au tour de Marcel Joyeux, de Poitiers, et de Pierre Cartelet, combattant ardennais, de sortir de l’oubli. Chaque fois, les corps ont regagné leur terre natale, accueillis avec les hommages qui leur sont dûs. Chaque fois, joie et émotion sont partagées sous les larmes, réunissant des familles qui s’ignoraient aujourd’hui liées par la mémoire de leurs ancêtres. Chaque fois, aussi, l’envie d’aller plus loin s’est faite plus forte. Car il reste encore deux résistants dont on ignore quasiment tout. Quelques indices retrouvés dans les cercueils ne sont que de maigres pistes. L’un portait des bottes en caoutchouc, de couleur jaune, de la marque anglaise CAMDEN, et le second, trois mouchoirs reprenant les initiales L et M. C’est peu. Mais assez pour ne pas laisser tomber. En ce début d’année, le groupe a donc mis un nouveau coup d’accélérateur. Il s’apprête à sortir un livre, supervisé par l’un d’entre eux, René Durand, qui retrace son travail et l’histoire de ces hommes. Mais c’est aussi un site très complet, interactif, imaginé par Bernard Dinse, qui va s’ouvrir cette semaine. «Nous voulons aller plus loin. Il faut que l’on donne un nom à ces deux hommes. Nous ne nous arrêterons pas là !», confient-ils ensemble. Malgré tout, ce ne sera pas simple : «la nouveauté est que nous avons les ADN des deux derniers résistants fusillés. Nous devons continuer !».

Il va donc falloir chercher, encore et encore. Ce sera la Bretagne dans une semaine, à la rencontre de possibles descendants, où des connaissances pourraient aider le groupe. «Une autre piste se trouve aux USA. En Allemagne, un contact nous aide aussi. Ce n’est pas facile, mais nous y croyons», lance un des chercheurs. Les paroles se passent de commentaires. Pas de place ici pour l’abandon. Et surtout pas à l’oubli. Le bois maudit n’a pas encore révélé tous ses mystères.

Le site : htpps :// www.les-fusilles-du-bois-de-la-reulle.fr

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